Thibaut, 33 ans, est Cadre Technique Radioprotection au sein du groupe EDF à la Centrale nucléaire de Cattenom (57).
Bonjour Thibaut, pourrais-tu nous raconter ton parcours scolaire ?
« J’ai réalisé mes études dans le domaine du transport et de la logistique. Après un BTS en alternance, j’ai poursuivi avec un titre bac+4 de « Manager Opérationnel Transport et Logistique », à l’École Supérieure des Transports à Paris.
J’ai intégré le monde professionnel par l’alternance (au sein d’une PME de transport routier lors de mon BTS, puis au sein d’Alcatel Lucent Submarine Networks). Après mes études, et quelques activités en intérim, face au contexte économique du secteur du transport (post-crise de 2008 : beaucoup de licenciements, de rachats, de fusions…), j’ai fait le choix de me réorienter vers l’industrie nucléaire. »
Comment as-tu découvert la filière nucléaire et qu’est ce qui t’as motivé à te réorienter ?
« Étant natif de la région de Chinon, j’étais « relativement au fait » des besoins en termes de recrutement et des opportunités de carrières que propose l’industrie nucléaire. Voyant qu’en comparaison, le secteur du transport et de la logistique était beaucoup plus en souffrance, j’ai fait le choix de découvrir un autre milieu !
Initialement, j’ai fait ce choix dans une logique « alimentaire », sans réelle certitude que le secteur me plairait. Surtout avec une dimension de travail en « déplacements » très importante. Pour autant, aujourd’hui, je ne regrette absolument pas mon choix !
J’ai donc passé les formations de base, puis appréhendé le secteur par le domaine de la logistique nucléaire et d’assistance (sas Bâtiment réacteur, gardien de C2 etc.) et travaillé comme technicien dans le domaine des tirs radios, avant de devenir « PCR Chantier ».
J’ai rejoint le Groupe EDF quelques années plus tard avec un poste d’Appui Sécurité-Radioprotection-Environnement / PCR d’agence au sein d’une entité opérationnelle dans la région Centre. Ça a été l’occasion pour moi de découvrir les métiers de maintenance lourde, et tout particulièrement la robinetterie. »
En quoi consiste le métier de Cadre Technique Radioprotection ? Quelles sont tes missions ?
« C’est un poste d’ingénierie radioprotection. Il a plusieurs dimensions :
- L’appui/conseil auprès des autres métiers, des collègues du service ou de la direction, dans le domaine de la radioprotection ;
- La déclinaison locale des référentiels (qu’ils soient réglementaires ou nationaux) ;
- Celui de rendre un avis en cas d’événement radioprotection, de suivre l’analyse rédigée à la suite de sa survenue, d’apporter un regard sur les actions décidées… et plus généralement, il consiste à apporter des propositions pour essayer d’endiguer les dérives et les signaux faibles dans le domaine radioprotection et montrer à l’Autorité de Sûreté Nucléaire qu’elle peut nous faire confiance pour être particulièrement résilients dans ce domaine ;
- Certaines missions peuvent aussi nous amener à réaliser des études de certaines problématiques, à essayer de mettre en évidence différents liens de cause à effet pour faire avancer certains sujets… »
Dans quel cadre est-ce que tu interviens ? Quel est ton rôle au sein de la centrale nucléaire ?
« Je suis plutôt en dehors du temps réel : forcément, même si une part non négligeable de nos problématiques sont liées aux activités en cours ou à venir sur l’installation, d’autres en sont détachées et nécessitent d’être instruites « hors pression du planning ».
D’une manière générale, je pense que l’ingénierie radioprotection constitue un appui que les différents métiers peuvent solliciter sur les problématiques qu’ils rencontrent dans le domaine de la radioprotection : comme une nouvelle activité, des difficultés, des résultats en retraits, etc. »
Qu’est ce qui te plaît le plus dans ton métier ?
« La radioprotection, sur l’installation, concerne beaucoup de corps de métiers différents. Mon activité me permet donc d’interagir avec tous ces métiers, de m’intéresser à leurs problématiques et de leur apporter mon aide et mon expertise.
Pour certains, la radioactivité est uniquement un élément de contexte dans leur travail ; pour d’autres elle a un impact beaucoup plus important et peut devenir une réelle contrainte. Ce qui me plaît dans la radioprotection, c’est la diversité des problématiques auxquelles je suis confronté, ce qui rend la recherche de solutions particulièrement intéressantes. Nos interlocuteurs ont besoin de solutions réalistes et pragmatiques, nous ne sommes pas dans « un labo » 😉 »
Quelles sont les qualités essentielles pour exercer ton métier ?
« Je pense que la capacité « à zoomer et à dézoomer » est une chose importante : savoir là où on veut aller, tout en sachant travailler sur ce qui peut sembler secondaire mais n’en demeure pas moins important si on veut parvenir aux résultats escomptés ; le diable ne se cache-t-il pas dans les détails ?
La volonté de trouver des solutions et d’apporter un appui efficace sont des choses importantes ; pour cela, il me paraît essentiel d’aborder les sujets et les gens avec beaucoup de bienveillance.
Enfin, il est important de disposer d’un solide socle de compétences, qu’il soit théorique « ou vécu ». Je ne suis pas diplômé en radioprotection, pourtant j’ai pu me forger une solide expérience dans le domaine pendant plusieurs années. La diversité de parcours est une force, si bien qu’aujourd’hui, mon profil complète bien celui de ma collègue. »
Qu’est ce qui t’as le plus marqué la première fois que tu es entré dans une centrale nucléaire ?
« L’immensité des locaux, et la possibilité de se perdre dans certains bâtiments ! Le lieu idéal pour un escape game 😉 »
As-tu un conseil pour ceux qui souhaiteraient rejoindre la filière nucléaire ?
« Je les invite à ne pas hésiter, c’est un secteur vraiment intéressant. Le top, à mon sens, est également de faire preuve de mobilité (postes, entreprises, localisations géographiques), mais ce n’est pas une obligation ! »